Sophie Hesbois, Briseuse de chaines. Experte en transition de vie.

le cadre du roman
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Le cadre du roman

Le cadre du roman (ou le roman du cadre)

La 2ème partie de mon roman « jouissance et vacuité » composé de 3 parties est nommée « Connaissance ».

Parallèlement à la « partie 1 Naissance », l’époque de l’insouciance, la découverte et des apprentissages, nous engrangeons des normes, des règles, du savoir-vivre (« on dit merci », « dis pardon », « tu dis bonjour d’abord » « on fait pas ça », « ça se dit pas »…). Cette partie va s’intéresser au dogme, aux croyances (celles de l’héroïne et celles des autres), aux lois et obligations et comment mettre en harmonie ses pensées et désirs dans un cadre rigoureux.

Cette fois, il ne s’agit plus d’une enfant sauvage qui a soif d’apprendre et expérimente dans la spontanéité et le chaos (lire l’article précédent ici).

Dans cette partie, l’héroïne aspire à se construire dans un cadre structuré. Elle choisit naturellement la religion de ses parents pour s’inscrire dans un mode de vie qui lui semble plus stable et paisible. Si elle n’a pas su développer assez de confiance en elle et d’estime de soi, elle fait confiance à l’autorité religieuse et plus encore à Dieu, pour connaitre sa valeur, le sens de sa vie, construire une famille et vivre en paix.

A partir de là, notre personnage féminin se fond volontiers dans le cadre rigide et très normé de la religion mormone* convaincue qu’elle y trouvera ce qu’elle cherche.

Elle délègue sciemment son pouvoir de décision à la religion, ayant essuyé nombre de désillusions et de péripéties désagréables à cause de ses propres choix.

Afin de laisser le lecteur faire les liens qu’il souhaite avec son propre cheminement, j’ai choisi de gommer au maximum l’identification de la religion concernée, d’où l’appellation « Communauté ». Cependant, dans le roman, nombre de notes apportent des précisions utiles à la compréhension de ce monde relativement fermé.

Découvrez le 1er chapitre de cette 2ème partie de mon roman « Jouissance et Vacuité » : notre héroïne, après quelques années hors du cadre religieux, se prête volontiers à l’entretien indispensable pour revenir au sein de la « Communauté » : le conseil de discipline.

Le chapitre est suivi d’un coaching afin de mettre en lumière vos propres ressentis, émotions et souvenirs en lien avec votre lecture, et vous aider à structurer votre propre texte de biographie ou de fiction.

*nom officiel > Eglise de Jésus-christ des Saints des derniers jours

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Partie 2 – CONNAISSANCE
Chapitre 1 – La communauté, l’ordre

Elle est entrée par la porte dérobée de la honte et de la trahison, dans l’obscurité d’une froide soirée d’hiver. Dans le bâtiment vidé de ses locataires enjoués, seulement occupé par les juges qu’elle a sollicités. Elle va se dénoncer devant l’évêque de la paroisse.

Dix-neuf ans et tachée par le monde, rongée par l’expérience de la chair, le cœur désabusé, elle se demande ce qu’elle fait là, assise à la grande table, face à cette cohorte d’hommes en costume, avant de se rappeler : elle veut regagner sa place au sein de la Communauté, se réfugier dans la paix.

Sa culpabilité est indiscutable, sa présence devant ces hommes en témoigne. Cette audience est l’accès obligatoire vers le pardon, la purification, la réintégration dans le troupeau de Dieu.

Pour autant, elle répugne à décrire des erreurs, à déballer des remords, à pleurer des regrets. Elle ne se sent coupable de rien, la culpabilité lui est étrangère et la parodie à laquelle elle se plie, la scène qui se déroule devant elle sonne faux.

A la vérité, elle en a assez de la fusion des corps, des sécrétions mêlées, des hommes assoiffés, des proies et des chasseurs, des jeux de séduction comme autant de jeux de dupes. Elle en a assez des sentiments et des amours superficiels.

 

Elle aspire à quelque chose de plus intense, plus fort, plus profond et plus durable que l’insaisissable fugacité d’une jouissance charnelle. Elle est une brebis égarée qui regagne son troupeau d’elle-même parce que les pâturages au loin ne sont pas si verts et nourrissants qu’ils le paraissent.

 Si la repentance est le constat que la voie sur laquelle elle chemine ne lui convient plus, alors, oui, dans ce cas, elle se repend et s’oriente vers un chemin, a priori, plus favorable à son épanouissement. Et la culpabilité n’y est pour rien.

Ils sont cinq et elle est seule. Elle les fixe effrontément pour masquer ses doutes, dissimuler le fait que, déjà, elle désapprouve ce rassemblement d’hommes prêts à condamner une seule femme, elle déteste l’idée qu’ils sont les maitres et qu’une fois de plus, la femme est la soumise, la pècheresse, la coupable. Son désir de revenir à Dieu l’oblige à montrer patte blanche. Elle doit offrir un cœur contrit, le visage couvert d’un voile d’humilité. Elle doit raconter la parenthèse depuis son départ de la Communauté et son retour aujourd’hui, raconter son incursion dans le monde, son flirt avec l’inconnu, l’athée, le perverti, le dévoyé, le menteur.

Elle surmonte son premier mouvement de contestation. De toute évidence, ils ne lui veulent que du bien. Elle quémande une place avec l’énergie de sa foi balbutiante.  Elle qui ne croit plus en rien, prend un risque et non des moindres : s’en remettre à la religion, la Communauté, et attendre d’elle qu’elle la conduise au bonheur qu’elle ne trouve pas par elle-même.

Face à elle, l’évêque, encadré de ses conseillers et du greffier, prend la parole. Il propose, dans un sourire bienveillant, d’ouvrir la réunion par une prière, afin d’inviter le Saint-Esprit à éclairer leur entretien, leurs âmes, leurs mots et sa décision aussi. Il faut bien ça pour calmer les ruades intérieures de la jeune femme si démunie et seule à cet instant. 

Si elle souhaite réintégrer sa place dans cette structure protectrice, donneuse de sens et d’amour, elle doit en tout premier lieu accepter l’appel des autorités, le dogme, le cadre, les lois, l’ordre.

Ce qu’ils ignorent tandis qu’ils suivent le protocole lié à ce conseil de discipline, ce sont les pensées parasites de séduction, de caresses, d’œillades qui la traversent. Elle saisit mal les mots purs, sains, amicaux de l’évêque, trop longtemps immergée dans la langue de Babel[1]. Imaginer des hommes bons, respectueux, vertueux relève du conte de fée. Hors de la Communauté, elle fréquentait plus de loups que d’agneaux. Sa pensée pénètre une terre inconnue et elle jongle entre deux conceptions dissonantes du monde.

L’objet de l’entretien est rappelé, elle désire abandonner ses péchés et redevenir une membre active dans la Communauté. En repentante, elle raconte, décrit, détaille ses actes depuis qu’elle a quitté l’Eglise. C’est presque la veille, elle avait 16 ans. Que de cuisses écartées, de lèvres offertes, d’alcool ingurgité, d’errements désabusés, de musiques endiablées, d’obscurité et de lumière tamisée, de draps froissés. Elle dit l’essentiel sur le sexe « j’ai fait ce qu’on fait quand on est une femme et qu’on désire un homme ». Pour le reste, elle les laisse, dans un sourire mutin, se dépatouiller de leurs questions pour ne répondre que très sommairement.

– Tu es intimidante, conclut l’évêque après un silence.

L’homme peut difficilement creuser davantage son intimité sans tomber dans le voyeurisme. Elle rapporte les réalités du monde et n’en éprouve aucune honte.

Elle pense, en les observant tour à tour, qu’ils visionnent le film lubrique de ses paroles. Finalement, elle nourrit involontairement leurs possibles fantasmes réprimés. Elle imagine qu’en rentrant chez eux, ils feront l’amour à leur femme comme ils ne l’ont pas fait depuis longtemps. Peut-être son visage se superposera-t-il à celui de leur épouse. On ne devrait pas demander au pécheur de décrire ses crimes car il en sème les scories dans des oreilles chastes mais également perméables et fragiles.

Elle est une débauchée, une perverse et elle contamine qui l’approche.

La sentence tombe. Elle écope d’une année de mise à l’épreuve, une disqualification. Elle devra lire le « miracle du pardon », livre écrit par un prophète du siècle précédent. Elle sera interdite de prière, de discours ou de témoignages devant l’assemblée lors de la réunion de Sainte cène et autre cours dominicaux ou rassemblement divers, pendant toute la durée de sa « probation ». Elle devra être assidue aux réunions, s’engager dans le service, les loisirs et autres manifestations.

Elle devra être présente et muette à la fois, sauf bien sûr dans les conversations informelles, il faut bien créer du lien, apprendre à se connaitre, se préparer à témoigner à l’assemblée de son expérience du pardon et du rachat de ses fautes grâce à l’amour divin. Elle rit, ceci est une comédie.

[1] Lieu où tout le monde parle une langue différente, où l’on ne se comprend pas.

Retrouvez le roman dans son intégralité, en vente ici

Le coaching du chapitre

Notre héroïne est pleine de bonne volonté mais elle prend conscience que ses comportements et pensées ne sont plus en adéquation avec ce monde dans lequel elle veut entrer.

Elle est rattrapée par ses jugements et raisonnements automatiques issus de son mode de vie et de ses expériences.

Elle rit… peut-être nerveusement, parce qu’elle mesure l’ampleur du changement qu’elle va devoir opérer en elle, dans ses habitudes et attitudes, et elle n’est pas si sûre d’y arriver.

Elle rit peut-être aussi car déjà, elle ne semble pas tout à fait en accord avec ce qui se passe, cela lui parait surréaliste.

Pourtant, elle se tait car elle ne veut pas retourner à sa vie précédente, elle ne voit pas d’autre issue pour sortir de son impasse existentielle.

Les échos sur vous : Cette situation fait-elle écho en vous, avec une situation qui aurait amené les mêmes sensations de malaise, d’impuissance ou de jugement infondé ?

Qu’avez-vous fait, pensé ou dit pour combler l’espace d’incompréhension, pour vous impliquer dans la situation ?

Où qu’avez-vous pensé, fait ou dit pour vous extraire de cette situation décalée ou pour affirmer votre singularité ?

Quelles qualités, forces ou capacités, avez-vous mis en œuvre ? (notre héroïne a choisi la dérision et le jugement pour supporter la situation)

Sous quelle forme raconteriez-vous votre scène ubuesque : une biographie (au plus proche de la réalité), d’une autofiction (en partie romancé, souvent pour combler les oublis ou préserver les véritables protagonistes), d’une fiction (le concept, l’idée ou l’émotion, est là mais dans un contexte radicalement différent du souvenir) ?
N’hésitez pas à partager en commentaire les émotions, réflexions ou ressentis que vous inspirent ce chapitre. Et si vous le souhaitez, partagez votre scène dans votre style en commentaire (brisez vos chaines, occupez votre scène !)

Profitez également d’un espace de dialogue offert et sans engagement, pour partager votre ressenti sur ce chapitre et en quoi il fait écho en vous. Prenez rendez-vous ici

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