
Je suis née dans la religion mormone. Enfin, pour éviter toute confusion avec les mormons fondamentalistes polygames ou même les amish, je suis née dans l’église de Jésus Christ des saints des derniers jours qui est revenue à l’essentiel en épurant son nom de domaine récemment pour s’intituler l’église de Jésus-Christ.
Le jour où je m’épanchai auprès de la femme du patriarche sur ce qui me troublait depuis quelques années, mon incapacité à m’épanouir dans l’église, ma remise en cause de ma place dans la communauté, le sens de ma vie qui m’échappait, marqua un tournant radical dans mon engagement religieux. Particulièrement inspirée, elle me répondit avec sa voix douce et bienveillante ces deux mots « sois authentique » sous forme de conseil plus que de rappel à l’ordre.
Je ne comprenais pas pourquoi elle me disait cela car je me croyais authentique d’autant que je lui confiais en toute transparence ma foi vacillante ! Mais j’étais si ébranlée par ce mot –AUTHENTIQUE– qu’à peine rentrée chez moi, je me jetais sur le dictionnaire, écumais internet, étudiais le lexique des écritures pour en extraire le ou les sens.
Ainsi a commencé la quête de mon authenticité et avec elle, ma rupture définitive avec ma religion après 45 ans « de bons et loyaux services ». Ça n’a pas été sans souffrances, sans conditionnements et autres chaines à identifier, à briser, à transformer.
Oh ! je n’étais pas une fidèle membre de l’église depuis toujours ! Je fais une première excursion dans « le monde » (c’est-à-dire le monde pécheur, rempli de tentations) à l’adolescence. Après bien des coups et des incompréhensions, je retourne dans le giron protecteur de l’église pour panser mes désillusions. Mariage raté, divorce, je ne suis plus conforme à la famille parfaite que vise chaque membre de l’église, je fuis à nouveau et retourne dans le monde entaché, impur… comme moi.
Pourtant je reviens une dernière fois m’appuyer sur les valeurs et le soutien social de la communauté, en repentante, afin d’obtenir si possible, des miettes de pardon divin, quelques bénédictions. Je travaillai dur à mon salut pendant plus de dix ans. Trop dur parce que les interdits, les menaces de châtiments, les mots cinglants du livre de mormon, toutes ces guerres et cette violence dont on parlait plus que d’amour inconditionnel ont fini par m’étouffer.

Un fossé se creusait toujours plus large et plus profond entre la religion et moi.
Je croyais en un Dieu d’amour que je ressentais de moins en moins. Mon Dieu est dans les mots du Christ « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et s’il était quelqu’un que je haïssais plus que n’importe qui à ce moment-là, c’était moi, et juste après, c’était ce dieu méchant qui me laissait dépérir sous la menace de l’enfer.
Je ne voulais rien d’autre qu’entendre parler d’amour divin et inconditionnel et ressentir ce don de Dieu pour moi !
Alors, je me suis sauvée. Dans tous les sens du terme. Je quittai définitivement la religion mais je connaissais déjà le monde dans lequel j’allais dorénavant vivre. Je savais que Dieu aimait tous ses enfants sans exception et j’entendais bien le trouver et le prouver hors des lois religieuses !
Même si certains aspects me manquaient, comme enseigner ou me rendre au temple, je savais reconnaitre dans mon coeur que quelque chose était mort pour de bon et qu’autre chose était en train de germer : l’amour de moi, l’amour de Dieu, le vrai Dieu, celui dont les lois sont inconnues de l’Homme !
Malgré la certitude de mes proches membres de l’église, les miracles n’ont pas cessé d’inonder ma vie et la petite voix du Saint Esprit résonne toujours et m’encourage à faire les choix difficiles qui me conduisent à ma réalisation personnelle, mon authenticité.
Dieu ne m’a pas abandonné, contrairement à ce qu’on m’a lancé en guise de mise en garde « bienveillante ». Au moment où je quittai la religion, vide et en quête d’une nouvelle façon d’exprimer, de vivre ma spiritualité, je rencontrai un homme, de ces amis de passage qui ont un message à transmettre spécialement à vous et personne d’autre. Sans rien savoir des turpitudes métaphysiques que je traversais, il me parla du livre Le pouvoir de l’intention de Wayne W. Dyer que je m’empressai d’acheter et de lire.

Je versai toutes les larmes de mon corps dans cette lecture ! Je trouvai la spiritualité auquel je croyais ! un Dieu sous forme de Source d’amour inconditionnel qui m’aimait quoi que je fasse, qui que je sois, quelques soient mes actes !
Je retrouvai sous d’autres mots (que je sentais plus vrais, plus justes, plus complets), les concepts que la religion m’avait enseignés.
Ce livre confirmait que j’étais toujours sur le chemin de mon développement spirituel et bien plus près de la lumière hors que dans l’église ! Je pleurai aussi sur toutes les souffrances que je m’étais infligée à réprimer ma nature, à me haïr parfois car piètre fidèle ! Je ne méritais pas de me traiter ainsi ! j’insultais dans mon mépris de moi-même, le Dieu qui m’a créé dans l’amour et pour l’amour, le Dieu qui ne voulait que mon bonheur et ma joie !
Enfin réconciliée avec moi-même, avec toutes mes facettes, « en amour d’elles », j’ai le désir brulant de transmettre cette liberté douloureusement acquise à d’autres prisonniers d’eux-mêmes, de leurs croyances, de leurs masques afin que, comme moi, ils goûtent enfin à la douce liberté de l’amour inconditionnel qui les invite à retrouver l’être authentique qu’ils sont depuis l’origine et à le manifester dans toute sa beauté et sa joie ! Telle est ma mission !
C’est à cause – ou grâce ?- à ce parcours, à mon éducation d’abord, puis mon conditionnement volontaire et enfin mon émancipation, qu’est né mon roman « jouissance et Vacuité », comme un moyen de tourner définitivement la page (pardon inclus) d’une vie d’illusions pour me rapprocher enfin de MA vérité.

L’étape de quitter une religion pour découvrir la spiritualité sans fioriture, dans sa vérité nue, c’est-à-dire, intérieure, personnelle, unique et unifiée à la fois, est un passage qui me rapproche à ma manière de ma Source, de Notre Source à tous.
Un ami, ex-mormon lui aussi, m’a dit un jour, à l’époque où j’hésitais encore à quitter la religion « tu sais, au final, nous irons tous au paradis ».
Un refrain a aussitôt envahi mon esprit donnant une nouvelle compréhension à la chanson de Michel Polnareff avec une sensation puissante ! Bien sûr, c’est évident ! On irons tous au paradis car Dieu, Source d’amour inconditionnel (ou le nom que vous préférez pour parler de Plus Grand que soi) ne souffrira pas de perdre un seul de ses enfants ! Les humains jugent, classent et se trient entre eux mais Dieu ne le fait pas ! Pourtant, je l’ai cru si longtemps, à cause des enseignements religieux qui entretiennent cette idée de séparation, n’est-ce pas paradoxal : parler d’amour inconditionnel, d’unité tout en décidant que quelques-uns pourraient en bénéficier ? parler d’abondance et la réserver à quelques élus méritants ? Seul l’humain peut diviser, compter si petitement ! Dieu voit et vit immensité, espace ! IL vit, IL pense unité, infiniment !
Pour l’éternité, un chemin jalonné de lumières, de parcelles de cette vérité, se déroulera, plus long ou plus court, selon notre niveau de conscience pour nous ramener avec certitude à la Source qui nous a fait naître.
En vertu de notre libre-arbitre, nous choisissons l’amour ou la peur, nous sommes responsables de ce que nous créons comme pensées, actions et sentiments, porteurs ou destructeurs.

La souffrance et la douleur sont un passage que nous nous infligeons mais qui n’est pas obligatoire à qui est déjà avancé sur le chemin de l’Amour universel et inconditionnel qui nous a créé.
Nous retournerons tous, chacun à son rythme selon son niveau de conscience du moment, selon ses tourments, ses limites, nous finirons tous par nous libérer de nos chaines et retournerons tous, sans exception, à notre Source, là où se trouvent la liberté et la paix, enfin.
Toutefois, malgré ma vision optimiste de la spiritualité, à l’instar des scientifiques qui, au fil de leur découverte, mesurent chaque fois un peu plus qu’ils ne savent rien, j’ai conscience que plus j’avance dans ma spiritualité, plus je me rapproche de la Source d’amour, la conscience universelle et infinie, plus l’immensité de mon ignorance me conduit à l’humilité (dans le sens d’acceptation et de modération). Je ressens que mes pas vers la connaissance m’ouvreront à une éternité de liens, d’amour, de mots et… de silences. Le chemin est encore… loin, très loin, mais j’avance un pas après l’autre, à la découverte de mon Soi et j’aime ça !

Alors, oui, Dieu est Amour et lorsque nous ouvrons notre cœur à cette vérité oubliée, alors nous l’incarnons dans nos pensées et nos actions. Ainsi, Dieu est Amour et vous êtes, nous sommes, Sa manifestation dans la matière !
Je vous embrasse avec cette parcelle d’amour éternel – spirituel – que je reconnais parfois en moi et qui m’unit à tous et à tout. Aimez-vous, vous êtes né.e pour cela ! Vous êtes Amour, ne le sentez-vous pas ?